Fantin, 17 ans, témoigne de l’expérience forte qu’il a vécue à Lille lors de la journée passée avec les enfants roms et du goût du Royaume de Dieu qu’il en a ramené.
« Je suis arrivé à Lille avec tous mes préjugés de parisien sur les roms. La peur avec laquelle je suis parti au camp s’est vite transformée en honte : honte d’avoir jugé sans connaître des personnes, oui, des êtres humains, comme nous, dont la culture nomade est pourtant si riche de sa différence, et dont la proximité ne découvre que la simplicité et la joie.
En arrivant au camp, une jeune rom, Andréa, court vers nous, tout sourire, bientôt suivie par d’autres : «Bonjour ! Je m’appelle Andréa ! Et toi ? ». Marie se retourne vers moi : « Tu as vu son sourire ? Et ses yeux ? C’est la première fois que je suis accueillie avec autant de joie alors que je n’apporte rien, simplement ma présence ! ». C’est vrai : que leur apportons-nous sinon nous-mêmes et nos préjugés ? notre peur à l’encontre de leur culture, fondée sur notre seule ignorance ? notre sensation injustifiée, mais ancrée en nous-même, de supériorité ?
Que nous ont-ils apporté, eux ? Accueil, tolérance, simplicité, joie… bonheur ! Là-bas, sur la pelouse fleurie et ensoleillée, à l’arrière du camp, entre dessins et colliers de pâquerettes, courses de chevaux et foot, tic-tac boum et simples passes … c’est de la joie et de l’amour qui ont été échangés, dans la simplicité.
Le lendemain, j’ai été ému en repensant au temps passé là-bas. Comment décrire cette émotion ? Entre gifle, douceur, joie et tristesse … Mais pourquoi ? Que me manque-t-il à présent ? Peut-être ce goût du Royaume de Dieu : joie, rire, jeux, discussions… simplicité. Simplicité des discussions : pures, d’égal à égal et sans les formes et les non-dits habituels qui gangrènent nos relations ; simplicité des jeux : nous étions au même niveau, roms et petits français, NOUS jouions. Cette simplicité était un cœur à cœur entre des personnes. C’est avec la simplicité de leurs mains couvertes de poussière qu’ils ont décapé nos cœurs eux aussi poussiéreux. Après réflexion, un bout du mien est peut-être même resté là-bas … Mais en échange, je suis reparti avec tant ! »